La loge la Vérité est une émanation de la Constance Eprouvée : en sont issus Houssaye, Lelaumier, Aubé, Hédouin, Récher, Brouet, Perruche, Nicolle, Lengliné, Emons, Bisson, Deshayes ; à ceux-ci viennent s’ajouter Gascard (de Bernay) et Foubert (des 3H au Havre)
L’allumage des feux se fait le 14/10/1835 sous la présidence de Buisson Vénérable des Arts Réunis, représentant le G.O.D.F. Il axera ses propos sur le devoir des Francs maçons.

L’installation se fait au rite Français puis Ecossais. Louis François Delzeuzes, médecin, en est le premier Vénérable. Ses propos en ce jour sont sur cette jeune équipe quittant le foyer parental. Il préconise une éducation morale de la société et désire que les secours soient dirigés vers les asiles et les prisons, comme le fait déjà Guillaume Lecointe qui s’affiliera à la Vérité. Il annonce ne pas vouloir faire de politique, par contre la liberté et la véritable égalité des droits seront sujets d’étude. L’obligation de constitution sera signée par 21 membres et par les trois frères installateurs des Arts Réunis.

Buisson, le Vénérable installateur et Beuzeron le secrétaire, écriront au G.O.D.F., quelques mois plus tard, pour dire leur mécontentement, suite à des propos tenus par des frères de la Vérité, mais dont la teneur n’est pas rapportée.

En 1837 la loge publie son règlement. Celui-ci est comparable aux autres règlements. Quelques qualifications diffèrent : ainsi un frère ayant été initié au sein de la loge est appelé enfant de la lumière, s’il a été initié dans une autre loge il est qualifié d’agrégé. Un frère ne peut être membre de l’atelier s’il l’est déjà d’un autre atelier, la double appartenance n’est donc pas admise. Pour intervenir dans une discussion, le Vénérable doit céder son maillet à un autre frère. Le trésorier présente trimestriellement l’état de sa caisse et il en est de même pour l’hospitalier. L’architecte contrôleur vérifie toutes les dépenses et accrédite les fournisseurs. Les diacres sont des offices disparus, mais dont le rôle d’agent de liaison a déjà été décrit par ailleurs. Le servant est un frère (au moins apprenti) salarié par la loge, mais il ne peut assister à aucune délibération. Le Vénérable n’est pas le seul à pouvoir interrompre la parole d’un frère, les surveillants ont également ce pouvoir. Dans l’article 79, on trouve l’ordre très détaillé des travaux constituant une tenue, il n’est nullement question de morceaux d’architectures. Un visiteur n’est introduit qu’après la fin des « travaux de famille ».

Pour qu’un profane soit admis à l’initiation il faut qu’il y ait moins de trois boules noires au scrutin. Deux boules noires l’ajournent. Il faut trois mois de présence pour prétendre à devenir compagnon et deux mois de plus pour accéder à la maîtrise.

L’initiation coûte 135 francs (dont 25 pour le fond de loge, plus 5 pour les pauvres) le passage au second degré 27 francs et 38 pour la maîtrise. La cotisation annuelle est de 88 francs. Toutes les questions touchant la finance sont traitées en détail et avec une grande précision.

Si un frère est malade et s’il n’a pas les moyens de se soigner, le trésorier prend en charge les honoraire des officiers de santé ainsi que l’achat des médicaments. En cas de décès, la loge subviendrait aux besoins de subsistance de la proche famille du frère défunt.

En 1867 il doit y avoir un problème au sein de la loge car, pour une raison malheureusement inconnue, plusieurs frères (Le Plé, Delafosse, Hartz…) quittent la loge pour rejoindre les Arts Réunis et deux Vénérables se succèdent dans la même année : Lucas et Deschamps.

Une anecdote qui n’a que peu d’intérêt mais qui rapporte un événement unique : Nicolas Brayer, étudiant en pharmacie est renvoyé au monde profane le jour de son initiation en août 1871 pour « mauvaises réponses ». (Référence BNF FM2 390)

En 1879 Pourquoi la loge a voté 2 fois pour élire et réélire son vénérable, Lhermite ? Mais ce qui est certain c’est que la loge a travaillé jusqu’à la seconde guerre mondiale.